Levés aux aurores pour éviter la circulation démente d’Asunción, nous nous rendons à Pa’i-Puku avec notre guide du jour, Werner Gerber, ingénieur agronome expatrié au Paraguay depuis de nombreuses années et correspondant de l’Association.
Nous traversons la capitale, inhabituellement sous le brouillard, suivons la fameuse route No.9 et arrivons à Pa’i-Puku sous un soleil printanier juste après le petit-déjeuner de 7h30. Accueil par Brigitte, « veterinario polyvalente », jeune suisse-allemande née dans le Chaco qui aide Werner en apportant ses connaissances et son appui pour le fermage et le soin aux animaux. Première rencontre très chaleureuse avec Cristina Geersens, ancienne infirmière belge qui s’est dévouée corps et âme à l’école depuis sa fondation par le Père Puku et qui connaît ses 450 pensionnaires sur le bout du doigt. Elle sait également quels sont les besoins urgents à prévoir ainsi que la direction à donner à l’école avec une priorité pour une éducation saine, empreinte de respect et proche de la nature. Elle nous impressionne en connaissant par cœur le vécu de nos petits protégés.

Puis séquence émotion lors de la rencontre de nos « gaminos » et prise de photos souvenirs avec remise de petites attentions à leurs égards. Dommage que notre espagnol soit embryonnaire car nous avions tellement envie de communiquer plus longuement, merci tout de même aux traducteurs Werner et Brigitte! Nous savons ce qu’il nous reste à faire pour le prochain voyage !
Direction le bureau de Mercedes Paredes, jeune et compétente directrice et ancienne élève de Pa’i Puku, revenue aux sources pour contribuer à son développement. Nous apprendrons d’ailleurs que plusieurs maîtresses et maîtres sont d’anciens élèves et que l’école jouit au niveau du Paraguay d’une très bonne réputation pour son excellente formation. Nous parlons des réalisations et des défis auxquels l’école doit faire face. Werner lui apprend que probablement l’Etat Paraguayen sera d’accord de délivrer un certificat de capacité de vacher/fromager aux élèves qui suivront une formation à Pa’i Puku mais il faut d’abord former les responsables, ce qui sera fait. Dans une région rurale comme celle du Chaco, cette formation sera forcément extrêmement appréciée et ouvrira des portes aux jeunes.
Poursuite de notre visite par la découverte des salles de classes, accueil bruyant et enflammé chez les petits et studieux chez les grands. Ce qui nous a profondément marqué pendant toute cette journée, ce fut le rayonnement de joie et de gentillesse exprimés par les enfants, le respect et la discipline dans une ambiance de gaieté – quel exemple de richesse avec peu de moyens !
Le tour de cette immense maison, de type familial, se poursuit par les visites des dortoirs remarquablement tenus, ordrés et propres, la cuisine où le repas de midi mijotait dans l’immense chaudron chauffé au feu de bois, la boulangerie, l’immense buanderie avec des centaines d’habits lavés et repassés aux fers à charbon pour certains, la fromagerie, fleuron des réalisations de l’Association, les citernes d’eau et leurs méandres de collecteurs d’eau de pluie, le jardin potager protégé par les filets de l’Association, les étables à cochons et vaches avec système de traite automatique – impressionnantes découvertes d’un petit monde magnifiquement organisé pour survivre en quasi-autarcie !

Puis vient un des moments forts et inoubliables du repas de midi où petits et grands s’installent dans un brouhaha joyeux dans l’immense salle à manger. Silence absolu pour la prière de début et de fin de repas fait d’une excellente soupe avec ragoût de viande et légumes. En 15 minutes tout est terminé !
Pour cohabiter dans un environnement tel que Pa’i Puku, les mots clés sont solidarité et respect. Sur la base d’un tournus orchestré par Mercedes, les enfants sont affectés à diverses tâches pour une semaine par groupe de huit qui, du plus petit au plus grand, effectuent des travaux aussi variés que la traite des vaches, le service à table, la vaisselle , l’aide à la cuisine, l’entretien et nettoyage des classes, dortoirs, douches et toilettes, les soins et repas aux bêtes – après réflexion, nous nous sommes demandés si nos petits suisses ne devraient pas prendre exemple...

L’après-midi fut consacré à la visite de la menuiserie ou les adolescents réalisent de très beaux meubles originaux et fonctionnels qui seront revendus sur les marchés pour financer les frais de fonctionnement et la matière première. A l’issue de leurs études, ils obtiendront pour certains un diplôme qui leur permettra de poursuivre dans cette voie. Nous terminons notre journée en assistant à la traite des vaches un peu maigrelettes suite à un hiver rigoureux mais en bonne santé.
Quel sentiment de bonheur et plénitude nous accompagne sur le chemin du retour ! Et puis un sentiment de fierté de participer à un projet aussi noble et porteur d’espoir pour un pays qui bénéficiera certainement de l’éducation et de la formation des nombreux enfants de Pa’i Puku.
Dans tous les cas un immense merci pour le magnifique travail effectué à Pa’i Puku à Jacques, Eduardo, Werner et tous les autres, leurs efforts et le temps consacré pour un résultat extraordinaire.
Mesdames Cristina Geersens et Mercedes Paredes ont également exprimé toute leur reconnaissance et leurs remerciements pour le remarquable travail et l’aide reçue par l’Association Pa’i Puku.
Muriel et Patrick